Ce que l’on évoque en citant le Sud tunisien, ce sont en réalité les deux tiers de la Tunisie !
Et dans cette vaste immensité aride et désertique, où se déploie fièrement la flore et végétation du Sahara, ne vit que 20% de la population tunisienne.
Petit pays, à la pointe Est de l’Afrique du Nord et à la croisée des chemins entre l’Orient et l’Occident, la Tunisie offre une silhouette d’hippocampe avec le ventre face à la mer, la tête dans la verdure et la queue enfouie dans les sables du désert tunisien.
L’emblème du Sud tunisien est naturellement le désert tunisien du Grand Erg Oriental (العرق الشرقي الكبير en arabe), un désert de dunes au sein même du désert du Sahara, qui couvre environ 40 % du territoire tunisien.
Le désert du Sahara s’alanguit sur 9 millions de km² : c’est le plus grand désert de la planète Terre.
Le Grand Erg Oriental est une gigantesque mer de sable de 120 000 km² qui se déploie de l’Algérie à l’Ouest à la Lybie à l’Est : certaines sources avancent le chiffre de 192 000 km² ! C’est deux fois la surface du Grand Erg Occidental (qui est situé intégralement dans le Sahara algérien)… mais à l’échelle du désert du Sahara c’est finalement tout petit !
Dans sa très grand majorité, le Grand Erg Oriental est situé sur le territoire algérien et le dixième de sa surface est en Tunisie, où il est limité dans sa partie Nord par le Chott El Jerid et dans sa partie Est par les montagnes du Dahar.
Les trois principales oasis situées dans le Nord du Grand Erg Oriental en Tunisie sont Douz, Tozeur et Nefta.
Une randonnée chamelière dans le désert tunisien, infini de sable, est une invitation à un rendez-vous secret avec nous-même et le Vivant. Simplicité, dépouillement, beauté de notre intime relation à la Nature… l’occasion aussi de goûter aux rythmes du Sahara.
Les montagnes du Dahar dans le Sud tunisien sont la terre des Berbères de Tunisie.
Les villages troglodytes les plus connus sont Guermessa, véritable nid d’aigle construit sur un site sauvage et Chenini lové dans un cirque de montagne aux parois abruptes.
Les origines du village de Chenini remontent au XIIe siècle, lorsque les Berbères se réfugièrent sur ces terres pour échapper à l’invasion des hommes du calife fatimide Al-Mustansir (1036 – 1094 ; 8e calife fatimide et 18e imam ismaélien).
Et dans le bleu du ciel se découpent les masses aux tons fauves de l’ancien ksar de Douiret, confondu d’abord avec l’ocre de la montagne. Ses anciennes demeures trouent le piton rocheux ce qui donne à la montagne un aspect fantomatique et merveilleux.
Outre ses maisons agrippées à la roche, Douiret dispose de pressoirs à huile (encore en activité) entraînés par des chameaux et de deux mosquées, l’une éclatante, toute blanche et que l’on voit de très loin et une troglodytique, creusée dans la montagne.
Douiret fut jadis une ancienne étape des grands voyageurs du Sahara entre Gabès et la mythique Ghadamès en Libye.
Un chemin muletier serpente de Douiret jusqu’à Chenini et passe par l’éclatante mosquée des « Sept Dormants » dont le minaret est mystérieusement penché.
La mosquée a probablement été construite sur la base d’un oratoire plus ancien, creusé à flanc de montagne et fut agrandie d’une salle et dotée d’un minaret en 1323.
Elle a été construite en l’honneur des Sept Dormants et est un lieu de pèlerinage pour les fidèles musulmans. Sa structure architecturale incarne l’essence même de la légende avec ses sept colonnes qui symbolisent les Sept Dormants. Les murs sont ornés de décorations complexes qui racontent l’histoire des Dormants.
Dans le tout petit cimetière accolé à la mosquée, plusieurs tombeaux géants de plus de 5 mètres de long ont été édifiés. La légende dit que Sept Saints de taille géante y seraient enterrés.
La légende des Sept Dormants est un conte que l’on retrouve dans plusieurs cultures et religions (islam sunnite, islam chiite et christianisme). L’histoire raconte que sept jeunes gens qui cherchaient refuge dans une grotte pour échapper aux persécutions religieuses sont entrés dans un sommeil profond qui a duré des siècles, jusqu’à ce qu’ils soient découverts et réveillés en un temps où les persécutions avaient cessé. Cette légende est un symbole de renaissance, de foi en la divinité et de protection divine.
Le mythe des Sept Dormants a traversé les siècles et les frontières à travers tout le Maghreb. Dans le Sud tunisien (et dans d’autres pays du Maghreb) le mythe figure dans la tradition orale et a influencé la compréhension de la coexistence entre différentes confessions religieuses.
Dans le Sud tunisien, les Sept Dormants sont également vénérés dans une grotte à El-Oudiane (une oasis située au Nord-Est de Tozeur) et dans un ancien cimetière à Midès. Il est probable que ces sites étaient déjà fréquentés à l’époque préislamique, et qu’on y vénérait des Saints liés à d’autres cultes.
Un court reportage sur La Mosquée des sept dormants de Tataouine a été réalisé par Walid Tayaa, avec le soutien de l’Ambassade du Canada en Tunisie.
Au cœur de la terre berbère du Sud tunisien…
Ksar Hallouf surplombe en couronne tout le village de ses gorfas (anciens greniers pour les jarres de grains, d’huile, de dattes et de figues) et au magnifique village de Toujane les multiples cases de couleur ocre sont percées à flanc de djebel, tandis que sur le chemin qui mène au village berbère de Haddège, un marabout tout blanc, tombeau d’un ancien sage vénéré, est niché dans le creux de la vallée…
Douz est l’oasis saharienne par excellence.
Située dans la région de Nefzaoua, elle est la dernière ville avant le désert tunisien, c’est pour cela qu’on l’appelle la « gardienne du désert ». Elle est cernée d’un côté par l’immensité verte de sa palmeraie et de l’autre par l’étendue infinie des sables du Grand Erg Oriental.
Environ 52 000 oasiens vivent à Douz (dans les délégations de Douz Nord : Douz Est, El Golaa, El Aouina Nord, El Aouina Sud et El Abadl ; et de Douz Sud : Douz Ouest, Ghlissia, El Adhara, Nouil Nord et Nouil Sud).
Douz est la terre du peuple M’razig, une ethnie nomade bédouine descendant de la tribu des Banu Sulaim. D’abord installée dans la péninsule arabique, cette tribu s’est déplacée en Egypte au 8e siècle après JC, puis en Libye et enfin dans le Sud tunisien au 13e siècle.
Célèbre pour ses palmiers-dattiers, c’est la culture des fameuses et délicieuses dattes « Deglet Nour » (doigts de lumière) qui est la principale ressource de cette oasis.
Sa place centrale de Douz est bordée de cafés et d’échoppes d’artisanat (burnous, chèches et babouches sahariennes, tapis berbères, poteries, maroquinerie…), ses ruelles sont ensablées, ses taxis jaunes, mobylettes pétaradant et fumeurs de narguilés sont reconnaissables entre mille !
Sédentaires et nomades se retrouvent sous les arcades qui entourent la place du marché pour jouer aux dés, aux cartes, se donner des nouvelles…
Le jeudi, c’est le jour du grand marché dans le Sud tunisien, en particulier le marché aux animaux où les oasiens vendent leur bétail : moutons, chèvres, ânes et… chameaux. Un véritable festival de couleurs, de palabres, de bêlements, de braiment, et de blatèrements !
Le festival du Sahara se déroule chaque année fin décembre à Douz, pour la plus grande joie des M’razigs et des ethnies voisines qui viennent d’Algérie ou de Libye : fantasias, joutes poétiques en arabe, mariages traditionnels, courses de chameaux et chasses aux lapins par les sloughis (le lévrier arabe, un chien de chasse et gardien de troupeaux, extrêmement rapide et endurant) animent la ville.
Une belle occasion d’entendre peut-être chantés des poèmes du grand poète tunisien né à Tozeur : Abou El Kacem Chebbi (pour apprendre quelques rudiments d’arabe tunisien, prenez votre première leçon d’arabe tunisien sur la page dédiée !).
Depuis Douz, on rejoint l’oasis de Tozeur par une route qui traverse le superbe Chott El-Djerid (le plus grand chott du Sud tunisien, le « chott du pays des Palmes »), un ancien lac asséché dont les eaux sont croûtées de sel.
Des légendes tenaces hantent cette vaste dépression saline de plus de 100 kilomètres d’Est en Ouest située en-dessous du niveau de la mer (altitude – 15 à – 20 mètres). La très forte réverbération sur cette sebkha (dépression creusée par l’eau et le vent) d’une éclatante blancheur explique que l’on peut fréquemment y observer des mirages et d’étranges apparitions…
Tozeur, dans le Sud tunisien, est une vieille citée construite en briques d’argile pleines, aux ruelles étroites, aux minarets typiques et à la palmeraie exubérante où soleil et fruits, ombre et sources, évoquent le paradis. Sa médina immuable depuis le 16e siècle se love au cœur de plusieurs centaines de milliers de palmiers-dattiers.
Non loin de Tozeur, c’est le règne des oasis de montagne.
Tamerza, un village fortifié barricadé derrière une chaîne de montagnes de granit est accroché sur les flancs d’un gigantesque canyon. Les sources d’eau qui jaillissent de la montagne se déversent en cascades dans le canyon.
Midès, petit village perché presque au-dessus du vide… est souvent décrit comme le « far-west » tunisien. Ses canyons aux couches de roche stratifiée sont creusés dans la roche tendre et colorée, et en contrebas, grenadiers, figuiers et orangers de la palmeraie sont le paradis des oiseaux.
Chebika, dans le Sud tunisien, est un village berbère remarquable pour sa gorge encaissée : ici le miracle de l’eau alimente une petite oasis délicate et fragile peuplée de palmiers-dattiers, arbre emblématique de la flore et végétation du Sahara.