Située entre le 63e et le 66e parallèle Nord, l’Islande, Ísland en langue islandaise, vit au rythme des fréquentes éruptions volcaniques, des tremblements de terre, de l’écartement des plaques tectoniques… Les paysages islandais sont constamment modelés et remodelés par cette géologie particulière. Déserts de glace, volcans et champs de lave, solfatares (boue en ébullition) et geysers (eau en ébullition), rivières et cascades d’une puissance inimaginable… tout en Islande est absolument comme nulle part ailleurs, vous le découvrirez lors de votre voyage en Islande !
Les paysages islandais sont mouvants. Les paysages islandais sont changeants. Les paysages islandais sont des paysages Terre, Lune, Mars, Abysses… des paysages « Voyage au centre de la Terre » aussi.
L’Islande frôle le cercle polaire arctique. Elle est située entre l’Europe et l’Amérique, tout proche des îles Féroé, du Danemark et du Groenland. Ses frontières ne sont que maritimes, l’île principale représente 97% de sa superficie totale et des îlots, tous volcaniques, complètent son territoire.
On dénombre 130 volcans en activité en Islande, et plus de 200 cratères… pour une île dont la superficie est d’à peine 103 000 km² (moins de 5 fois la superficie de la France par exemple)… le ton est donné !
L’Islande est une île au climat subarctique… voire arctique ! L’île est battue par les vents, tant sur ses façades maritimes qu’à l’intérieur de ses terres. Il n’y fait jamais chaud, et souvent froid… voire très froid ! En plus du climat, les éruptions volcaniques et leurs conséquences sur les sols mènent la vie dure aux végétaux qui tentent de s’enraciner et d’émerger dans les paysages islandais. Et puis des altitudes élevées et des glaciers ajoutent encore de la difficulté !
À plus de 99 % volcanique, la terre en Islande est d’origine magmatique (basalte, cendre, rhyolite et d’autres roches acides). L’unique lieu en Islande où les sols ne sont pas volcaniques est Tjörnes (tjörn = étang ; nes =péninsule), la « péninsule des étangs », au Nord-Est de l’île : le sol y est composé de roches sédimentaires marines très riches en fossiles.
Ainsi, plus de la moitié du territoire islandais est dépourvue de végétation terrestre (juste de rares plantes) et les étendues d’eau (lacs, rivières et lagunes) ne couvrent que 2 % de la surface du pays. L’Islande est un désert de glace (environ 12 % du territoire islandais), d’étendues de roches volcaniques nues (environ 23 %), de terrains à végétation très éparse (environ 13 %) et de sables (environ 3 %).
Les deux seules espèces d’arbres ayant survécu à l’époque glaciaire sont le bouleau pubescent et le bouleau nain. Les arbres sont très rares dans les paysages islandais : les forêts représentent aujourd’hui moins de 1,5 % de la superficie de l’île alors que du temps de la colonisation (9e siècle) elle recouvrait 30 % du territoire islandais. Le climat islandais et les épisodes volcaniques, mais surtout la déforestation intensive effectuée par l’Homme (le bois a été utilisé pour construire les maisons et fabriquer des outils) ont eu raison de la présence, pourtant vitale, des forêts islandaises.
Hvannadalshnjúkur, le point culminant de l’île est à 2110 m d’altitude : le « pic de la vallée des angéliques » (júkur = pic ; dals = vallée ; Hvann = l’angélique verte, la plante) est situé dans le parc national de Skaftafell, sur Vatnajökull, le plus grand glacier d’Islande et le plus vaste d’Europe avec sa superficie de 8100 km².
À ses pieds, une forêt de bouleaux nains se déploie : au cœur de ce désert de glace, que la végétation trouve suffisamment de ressources pour prendre vie est un mystère comme seuls les paysages islandais en ont le secret !
Depuis plusieurs décennies, reboiser l’Islande est une priorité du gouvernement : pas facile car peu d’espèces importées résistent aux conditions climatiques de l’Islande. Mais il y a maintenant des petites forêts de conifères en Islande : mélèzes de Sibérie, épicéas de Sitka, sapins de Norvège et pins lodgepole ont été plantés. Aulnes, bouleaux, peupliers d’Alaska, trembles sont également présents aujourd’hui.
Hallormsstaðarskógur (skógur = forêt), la forêt de Hallormsstaður (Hallormsstaður est un minuscule village situé dans l’Est de l’île, en bordure du lac Lagarfljót) est l’unique véritable forêt présente dans les paysages islandais. Elle est protégée au titre de première Forêt Nationale d’Islande. Grâce aux nombreux programmes de reforestation depuis plus d’un siècle, la forêt compte aujourd’hui plus de 12 millions d’arbres de 85 espèces différentes.
Pour celles et ceux que cela intéresse, vous pouvez parcourir le site Icelandic Forest Service et lire leur brochure Forestry in a treeless land.
La flore en Islande se compose donc principalement de champignons, mousses, lichens, et graminées. Au moins 470 espèces de plantes sont présentes en Islande, et très peu sont endémiques : dans l’immense majorité, ce sont des plantes que l’on retrouve en Norvège, dans les îles britanniques et au Groenland. Presque la moitié de ces espèces sont des survivantes de l’ère glaciaire.
En été, de vaillantes petites fleurs réussissent à se déployer dans les paysages islandais : Silène (acaule ou maritime), thym arctique, myrtille, angélique, dryade à huit pétales, azalée alpine, campanule à feuilles rondes, géranium des bois, gentiane des neiges, pourpier de mer, roquette de mer, pavots d’Islande, mousse grimnia et pohlia wahlengergii, etc.
En 1947, le lupin d’Alaska a été introduit et planté en Islande et il a rapidement colonisé le territoire, de manière dominante : plusieurs milliers d’hectares de terre sont aujourd’hui peuplés de lupins, qui ont un rôle d’agent fertilisant et reconstructeur des sols abîmés du fait de leur capacité à fixer l’azote de l’air dans le sol. Mais face à l’étendue incontrôlée de cette plante, et sa domination sur les autres plantes dans les paysages islandais, sa plantation est aujourd’hui réglementée, voire interdite dans certaines zones, et surveillée de près afin d’en contrôler la prolifération, même si, naturellement, le lupin disparaît au bout de 15 à 40 ans de présence.
L’Islande est donc d’un grand intérêt quant à l’étude de sa biodiversité, de sa flore en particulier. Comme l’île est toute jeune (elle a moins de 20 millions d’années), c’est le lieu idéal pour observer et comprendre l’évolution d’une roche nue et stérile vers des sols capables d’abriter une flore et une faune riches et variées. Au fil des siècles, les sols basaltiques subissent une érosion qui permet à la vie, végétale comme animale, de s’installer : l’Islande est un magnifique laboratoire pour les scientifiques !
L’île de Surtsey qui s’est formée en novembre 1963 suite aux éruptions volcaniques qui ont eu lieu au Sud de l’archipel des îles Vestmann est un cas d’école : une terre volcanique qui a moins de cent ans, c’est inespéré !
Au creux des paysages islandais, on a sans cesse l’impression fabuleuse et déconcertante d’assister à la création du monde… et ce n’est pas une impression en fait !
Si Jules Vernes a choisi de faire voyager en Islande le personnage principal de « Voyage au centre de la terre », ce n’est pas pour rien ! Lorsque le professeur Otto Lidenbrock découvre dans un vieux parchemin que l’Islandais Saknussemm est allé au centre de la Terre, et que l’entrée vers le centre de la Terre se trouve à « Sneffels », c’est à dire à Snæfellsjökull, le volcan situé à Snaefellsnes, la « péninsule de Snæfell » (snæ = neige ; fell = montagne ; nes = péninsule), il y part immédiatement et embarque son neveu Axel avec lui ! Et pour atteindre ce centre de la Terre, il faut s’engager dans un tunnel de lave…
Pour qu’un tunnel de lave se forme, il faut une éruption volcanique effusive (non explosive donc, et avec des coulées de lave vraiment abondantes et rapides). Le dessus de la coulée se solidifie mais la lave, fluide, continue à couler en dessous : lorsque l’écoulement s’arrête et que la lave s’échappe, cela forme un tunnel !
Plusieurs tunnels de lave, appelés aussi grottes de lave, sont connus en Islande (et se « visitent »).
Víðgelmir, situé dans l’Ouest de l’île, est l’un des plus grands tunnels de lave du monde (1 585 m) et le plus large d’Islande : avec un volume de 148 000 m³, cette grotte de lave est la plus grande aujourd’hui connue en Islande (víðge = large). Situé sous le champ de lave Hallmundarhraun, ce tunnel de lave se serait formé au 10e siècle, lors d’éruptions volcaniques proche du glacier Langjökull.
En hiver (sachant que l’hiver islandais commence en novembre et s’achève en… avril, voire mai !), des stalagmites et stalactites de glace se forment à l’intérieur du tunnel, et au fur et à mesure que l’on descend, la température monte et la glace laisse place à la lave.
Sous le champ de lave Hallmundarhraun se trouvent aussi Surtshellir, la grotte de Surt (hellir = grotte ; Surt est une divinité nordique : le géant du feu dévastateur) et Stefánshellir, la grotte de Stefán, qui communiquent par un tunnel de lave de 3500 mètres de longueur, ce qui en fait le plus long tunnel de lave d’Islande.
D’ailleurs, un article très intéressant sur les fouilles archéologiques réalisées dans la grotte de lave Surtshellir est à lire sur le Portail de ressources francophone sur l’âge Viking.
Quand on évoque l’Islande et les paysages islandais, on pense aussi aux geysers…
Un geyser, geysir en islandais (du verbe gjósa qui veut dire « jaillir »), est un type de source d’eau chaude qui jaillit par intermittence en projetant de l’eau et de la vapeur à haute température et haute pression.
Le « vrai » grand geyser d’Islande est nommé Geysir. Il est situé dans la vallée Haukadalur, à l’Est de Reykjavík. Il aurait 8 à 10 000 ans, et, comme tous les geysers, il n’est pas toujours actif : il alterne entre des périodes éruptives et des périodes dormantes (qui peuvent durer plusieurs années !).
En 1630, un séisme provoqua son arrêt pendant plusieurs dizaines d’années. On sait qu’en 1845, il a atteint une hauteur (de fontaine d’eau) de 170 mètres, 122 mètres en juin 2000, mais depuis, son activité s’est vraiment réduite tant au niveau de la hauteur de la colonne d’eau que du nombre d’éruptions quotidiennes. Il peut ne pas entrer en éruption pendant de nombreuses heures, voire jours… voire semaines… voire années !
A 100 mètres de Geysir, il y a un autre geyser, nommé Strokkur, et c’est lui que les visiteurs vont surtout observer car il entre en éruption de manière régulière, toutes les 5 à 10 minutes, et l’eau jaillit à 20 mètres de hauteur (parfois 40 mètres).
D’autres phénomènes liés à l’hydrothermalisme sont présents dans les paysages islandais : des fumerolles (gaz et vapeurs émis par les volcans aux alentours des cratères) et des solfatares (des fumerolles rejetant du souffre en quantité) sont très souvent visibles dans l’axe du rift islandais. Dans le Nord, tout proche du lac Mývatn, les sites de Námafjall et Krafla en regorgent !
Et puis c’est sans compter les centaines de sources chaudes (ou sources hydrothermales) : il y en a quasiment 700 en Islande ! L’une des plus importantes au monde se situe d’ailleurs en Islande : il s’agit de Deildartunguhver, située dans l’Ouest de l’île, tout près de Reykholt, haut lieu des sagas islandaises. Elle est en Europe la source chaude au débit le plus important avec ses 650 m³ par heure, soit 180 litres par seconde ! L’eau de cette source jaillit à une température de 100 °C.
Une partie de cette eau est utilisée pour le chauffage urbain des villes de Borganes et Akranes, situées respectivement à 34 et 64 km de Deildartunguhver (l’eau est acheminée par aqueduc).
Deildartunguhver est aussi connu en Islande pour être le seul lieu où poussent certaines espèces de fougères, comme la fougère en épi par exemple.
Évoquer les paysages islandais, c’est aussi évoquer la Lune, et la planète Mars…
Certaines missions Apollo d’exploration de la Lune se sont préparées… en Islande ! Le volcan Hverfjall a été le théâtre d’entrainement des équipes de la Nasa car son aspect morphologique est tout proche de celui des cratères lunaires.
Quant à la planète Mars… elle a de commun avec les paysages islandais les Sandar. Un sandur (sandur = sable en langue islandaise ; sandar est le pluriel de sandur) est une plaine d’épandage constituée de sable et graviers qui ont été charriés et déposés lors de la fonte de calottes glaciaires.
Lors d’éruptions sous-glaciaires, une très grande quantité de glace fond et c’est alors que se produit une débâcle glaciaire, appelée jökulhlaup en islandais, au cours de laquelle l’eau va emporter tout sur son passage : c’est un véritable raz de marée ! La lame d’eau peut atteindre une dizaine de mètres de hauteur et entraîne dans son sillage des blocs de lave à peine refroidie et des blocs de glace. Lorsque l’eau se retire, on observe alors un sandur.
Le plus spectaculaire sandur en Islande est Skeiðarársandur, situé dans le Sud de l’île, proche du parc naturel de Skaftafell. C’est lors de l’éruption de Grimsvötn en 1996, un volcan situé sous la calotte glaciaire du Vatnajökull, que Skeiðarársandur s’est formé : le débit de la lame d’eau a été phénoménal et ce sont plus de 12,8 millions de m³ de sédiments qui ont été charriés. La hauteur du sandur atteint parfois 10 mètres !
Il y a aussi deux grands acteurs qui façonnent les paysages islandais… ce sont le jour… et la nuit…
Comme l’Islande est située juste en dessous du cercle polaire, à partir de juin et en juillet, les nuits sont très courtes. Elles sont même quasi inexistantes à l’extrême Nord de l’Islande, sur l’île de Grímsey, qui est située exactement sur le cercle polaire.
Le 21 juin, jour du solstice d’été, le soleil se couche à 0h04 et se lève à 2h54 à Reykjavík, la capitale de l’Islande, et à Akureyri, au Nord, il se couche à 1h02 et se lève à 1h27.
Le « soleil de minuit », ou nuit polaire, règne de début juin à mi-juillet en Islande. Ce phénomène apparaît car l’axe de la Terre s’incline vers le Soleil. Chaque jour, le soleil se couche à l’horizon, s’attarde juste au-dessus de la ligne d’horizon, la frôle délicatement… puis se lève. Les lumières sont alors particulièrement surréalistes et spectaculaires, elles magnifient les variations de couleurs des paysages islandais, et il règne une ambiance toute particulière. Dans les fjords, lorsque les baleines se prélassent tranquillement, leur ballet est tout simplement majestueux.
De mi-mai à mi-août, les heures du soir sont claires, jamais noires : les journées islandaises sont très longues. Au mois d’août, la nuit s’installe pour quelques heures, puis peu à peu, devient dominante en hiver laissant très peu de place au jour de novembre à février (1 à 4 heures de jour selon les régions au mois de décembre).
Le 21 décembre, jour du solstice d’hiver, le soleil se couche à 15h28 et se lève à 11h22 à Reykjavík, et à Akureyri, il se couche à 14h41 et se lève à 11h38.
La période hivernale est fascinante en Islande : la lumière est rasante, quelque chose semble suspendu… les paysages islandais sont sublimés par les contrastes de couleurs, le noir des laves et des sables fait face au blanc des neiges et des glaces. La chaleur des volcans et des phénomènes géothermiques défie fièrement le froid glacial de l’hiver. Le turquoise et le bleu profond des lagunes glaciaires où se reposent nonchalamment phoques et sternes arctiques sont à couper le souffle. L’expérience de la baignade dans les sources d’eau chaude et les bains chauds au creux de l’hiver islandais est incroyable.
En hiver, les Elfes, trolls et lutins semblent être encore plus espiègles que jamais.
Les 13 Elfes de Noël islandais, les Jólasveinar, appelés aussi The Icelandic Yule Lads, sont particulièrement intrépides. Du 12 au 24 décembre, ils se baladent un à un et prennent un malin plaisir à nous jouer des tours ! Vous les croiserez peut-être lors de votre voyage en Islande… Il n’est pas rare de les voir déambuler dans les paysages islandais, en particulier dans les villes ou les châteaux de lave de Dimmuborgir. Ils quitteront les paysages islandais un à un, jusqu’au 6 janvier.
L’hiver est la période idéale pour observer les aurores boréales, surtout les mois de décembre et janvier.
À L’Ami du Vent, nous ne sommes pas des experts scientifiques, c’est un peu du chinois pour nous, mais on nous a expliqué que les vents solaires transportent des particules (électrons et protons) qui, lorsqu’elles entrent dans la magnétosphère, puis l’atmosphère, rencontrent des atomes de gaz (oxygène et azote) et ces « collisions » engendrent de minuscules éclats lumineux qui illuminent le ciel de voiles colorés. Des milliards de lueurs apparaissent en séquence, ce qui donne l’impression que l’aurore se déplace dans le ciel.
En tous cas, nous, ce que nous avons retenu de ce que nous avons vécu, c’est qu’une aurore boréale est un véritable ballet de lumière que l’Homme ne semble pas prêt de savoir recréer ! Contempler une aurore boréale est une émotion intense… une sensation d’humilité et de gratitude face à la Nature qui nous offre ce spectacle unique.
Et puis, nous ne savons pas si c’est expliqué scientifiquement, mais les sons qui émanent des aurores boréales nous fascinent… une sorte de souffle délicat, de murmure divin… quelque chose qui parle directement au cœur… encore un cadeau des paysages islandais.
En revanche en hiver, certaines régions de l’Islande ne sont pas accessibles : c’est le cas en particulier des Hautes-Terres et des fjords de l’Ouest. La route circulaire n° 1 est en principe toujours ouverte (bien que des éboulis de rochers ne soient pas rares, particulièrement dans l’Est de l’île), mais la majorité des routes secondaires sont enneigées et donc impraticables. En hiver, les rennes se fondent dans les paysages islandais : il faut être vigilant en conduisant ! La puissance des cours d’eau et des chutes d’eau, les glaces hivernales, le blizzard… peuvent eux-aussi nous jouer des tours…