La richesse et la diversité de la culture tunisienne sont le fruit des multiples influences qu’a connu l’histoire de la Tunisie.
La Tunisie a toujours été, du fait de sa position géographique au cœur du bassin méditerranéen, un carrefour de civilisations, et son histoire remonte à plus de 3000 ans.
Pour qualifier la culture tunisienne le meilleur résumé serait sans doute de dire que c’est une culture méditerranéenne, africaine et arabe. Sachant que les principales influences de la culture tunisienne sont les influences punique (carthaginoise), romaine, arabe, berbère (amazighe), turque et française, chrétienne, juive et musulmane !
Pour résumer en quelques mots l’histoire de la Tunisie, disons qu’avant d’être arabe, la Tunisie a été successivement phénicienne, carthaginoise, province romaine chrétienne, siège de l’Église d’Afrique. Elle est ensuite passée sous domination vandale, puis byzantine pour être enfin conquise par les Arabes au 7e siècle !
Au 16e siècle, la conquête ottomane a mué la Tunisie en une terre d’accueil cosmopolite. La culture tunisienne a alors été redessinée, non seulement par l’influence turque, mais également par les innombrables vagues d’immigration de peuples étrangers vers la Tunisie. À Tunis notamment, cohabitaient des populations aux origines et langues très diverses : Arabes, Juifs sépharades, Berbères, Maures, Sénégalais, Maliens, Soudanais, Espagnols, Siciliens, Italiens, Sardes, Maltais, Français, Grecs, Chypriotes, Turcs, Géorgiens…
Ainsi, la culture tunisienne, qui n’était plus qu’arabe à la fin du Moyen-Âge (milieu du 15e siècle), s‘est-elle enrichie de mille influences.
Aujourd’hui, la Tunisie compte neuf sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco : le site archéologique de Carthage et le site archéologique de Dougga (ou Thugga, dans le Nord-Ouest de la Tunisie), la médina de Tunis, la médina de Sousse, Kairouan, l’amphithéâtre d’El Jem (dans l’Est de la Tunisie), Djerba, la Cité punique de Kerkouane avec sa nécropole (à l’Est de Tunis, au Cap Bon) et le Parc national de l’Ichkeul (parc naturel dans le Nord du pays). Cliquez sur chacun des sites pour en consulter la description détaillée sur le site de l’Unesco.
La Cité carthaginoise (ou cité punique) de Kerkouane est une cité phénicienne, sans doute abandonnée pendant la première guerre punique (au 3e siècle avant JC), qui n’a jamais été reconstruite par les Romains. Le site de Kerkouane est ainsi un héritage unique de l’urbanisme phenico-punique.
Les constructions romaines d’Europe et de Tunisie sont similaires : le Colisée d’El Jem, plus petit que le Colisée de Rome, fut construit deux siècles après ce dernier, sur le même modèle mais techniquement plus perfectionné. Il est reconnu comme étant d’une grande perfection architecturale.
Les vestiges du site archéologique de Dougga, qui date des 3e et 2e siècles avant JC, forment les contours d’une ville romaine quasi entièrement préservée.
Ancienne ville antique, Thugga a été transformée à l’époque romaine en une riche citée et de prestigieux monuments ont été édifiés.
Le mausolée libyco-punique, daté du 2e siècle avant JC, qui est l’une des deux pièces architecturales du royaume numide en bon état de conservation dans le monde (le royaume de Numidie est un territoire berbère puissant aux 4e et 3e siècles avant JC qui s’étendait au Maghreb de l’actuel Nord de l’Algérie, une partie de la Tunisie et de la Lybie, et le Nord-Est du Maroc), le Capitole, exceptionnellement conservé, où un bas-relief du fronton représente l’apothéose de l’empereur Antonin (empereur romain de 168 à 131), le grand théâtre romain, l’un des mieux conservés de l’époque de l’Afrique romaine, les temples de Saturne et Junon…
Thugga est considérée par l’Unesco comme la petite ville romaine la mieux conservée de l’Afrique du Nord.
Lorsque le christianisme s’implante à Carthage, L’Église d’Afrique jouit vite d’un grand prestige. De nombreux monuments chrétiens sont alors érigés : les catacombes de Sousse (fin du 1er siècle, elles sont creusées sur plus de 5 km, comportent 240 galeries et plus de 15 000 sépultures), des basiliques à nefs multiples, baptistères, etc. Sous le règne de Vandales (439-533) l’Église d’Afrique est persécutée, les biens confisqués et l’arrivée des Byzantins met fin à celle-ci.
Les Arabes édifient des bâtiments spécifiques à l’architecture islamique : la mosquée des Trois Portes à Kairouan (ou mosquée Ibn Khayroun érigée au 9e siècle), le ribat de Sousse (une forteresse construite fin du 8e siècle sous la dynastie abbaside puis démolie et reconstruite en 821 sous la dynastie aghlabide)
D’autres édifices sont dotés de formes antiques (chapiteaux, colonnes) mais sont purement d’architecture arabe : la grande mosquée de Tunis, la grande Mosquée de Kairouan…
Sous le règne de la dynastie des Aghlabides (de 800 à 909), Kairouan est devenu un centre intellectuel de très grande renommée où a été fondée une maison de la sagesse. Centres d’études, de recherches et de transmission, de collecte et de diffusion, les maisons de la sagesse sont apparues dans le monde arabe au début du 9e siècle. Elles ont joué un rôle fondamental dans la transmission des savoirs dans les domaines scientifiques, médicaux, culturels, etc.
Ces maisons de la sagesse sont des bâtiments dédiés, édifiés par les Arabes dans la tradition de l’architecture islamique. La Grande Mosquée de Kairouan, appelée aussi mosquée de Oqba Ibn Nafi, initialement édifiée en 670, fut reconstruite par les Aghlabides et devint maison de la sagesse.
La Grande Mosquée de Tunis, la mosquée Zitouna, fut construite sur les vestiges d’une basilique chrétienne, par la dynastie arabe des Omeyyades, en 732. Elle est la et la 2e plus grande mosquée de Tunisie après celle de Kairouan. Elle fut entièrement reconstruite en 864 par les Aghlabides et devint alors maison de la sagesse. Elle abrita l’Université islamique Zitouna où, entre autres savants, docteurs, intellectuels et écrivains, le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi étudia.
Lors de la conquête ottomane (qui dura de 1534 à 1574), des mosquées sont édifiées, dans le style maghrébin (à Kairouan par exemple) ou en suivant le plan des églises de Constantinople, dans la pure tradition des grandes mosquées ottomanes : c’est le cas de la mosquée M’hamed Bey (ou mosquée Sidi Mahrez) à Tunis, considérée comme la plus belle mosquée de Tunisie. Edifiée à la fin du 17e siècle, sur le modèle de la mosquée Süleymaniye d’Istanbul mais sans minaret, les travaux n’ont pas été achevés. Dans le cadre de la restauration du quartier de Bab Souika à Tunis, la mosquée a été restaurée en 1984.
Bab Souika (en arabe باب سويقة), qui veut dire « Porte du petit souk », était l’une des portes d’entrée de la médina de Tunis. Aujourd’hui c’est un quartier de la ville.
L’histoire de la Tunisie est aussi marquée par le protectorat français (1881-1956) instauré par le traité du Bardo. C’est ce qui explique qu’en randonnée chamelière dans le désert tunisien, vous constaterez que certains chameliers parlent un peu français… voire parlent très bien français !
La culture française fait donc partie des influences de la culture tunisienne. Des écoles et bâtiments publics construits sous le protectorat français sont encore en place aujourd’hui.
La Tunisie est ainsi, depuis des millénaires, un foyer culturel majeur, tant à l’échelle arabo-musulmane, méditerranéenne que mondiale.
La culture tunisienne d’aujourd’hui est une véritable mosaïque originale et unique en son genre.
D’ailleurs, les Tunisiens comprennent mieux la langue maltaise que celle du Yéménite ou même du peuple marocain, s’identifient plus facilement aux mœurs du Grec ou du Sicilien qu’à celles du Libyen ou du Koweïtien, reconnaissent une partie de leur gastronomie tunisienne à la table du Turc, de l’Arménien, du Circassien, tous Ottomans, de l’Algérien, maghrébin comme lui, mais ne sauraient nommer un plat saoudien !
La musique tunisienne est riche des influences mauresque, orientale, ottomane et occidentale, ce qui lui donne une identité musicale riche et unique.
Une randonnée chamelière dans le désert du Sud tunisien est donc une belle occasion de goûter à la richesse de ce pays.