Íslenska, la langue islandaise, est une langue germanique du Nord, issue du vieux norrois (langue scandinave médiévale) que parlaient les peuples scandinaves du Moyen-Âge, et donc les Vikings !
Elle est devenue la langue officielle et nationale de l’Islande depuis la loi du 7 juin 2011 : avant cette date, aucune langue officielle n’était mentionnée dans la Constitution islandaise.
La langue islandaise est parlée par environ 350 000 personnes dans le monde dont 340 000 en Islande (pour un pays qui recense 390 000 habitants : il est estimé qu’entre 93 et 96 % des Islandais parlent la langue islandaise). Elle est donc la première langue parlée dans l’île, mais il faut savoir que la très grande majorité des Islandais parle également anglais en deuxième langue : en fait ils sont quasiment tous bilingues islandais anglais. Ils comprennent aussi très bien les autres langues scandinaves (danois, norvégien et suédois). Mais ils ne parlent pas français (on ne peut quand même pas leur demander de parler toutes les langues du monde !).
Ce qui rend la langue islandaise très particulière, c’est qu’elle n’a presque pas évolué depuis le Moyen-Âge (contrairement aux autres langues du monde entier, et des pays nordiques en particulier).
Seule la prononciation a évolué.
La langue islandaise est ainsi quasiment semblable au vieux norrois, alors qu’en Europe continentale (Norvège, Danemark, Suède), le norrois a vraiment évolué vers les trois langues scandinaves orientales à savoir le norvégien, le danois et le suédois. Les plus grandes ressemblances avec la langue islandaise se trouvent dans le Féroïen, la langue des îles Féroé (l’islandais et le Féroïen sont des langues scandinaves occidentales) et quelques dialectes de l’Ouest norvégien.
Donc en Islande, un Islandais peut tout à fait lire et comprendre les premiers écrits islandais qui datent des 12e et 13e siècles ! Et il n’existe aucun patois en Islande (ni même de petites variétés régionales) : absolument tous les Islandais parlent exactement la même langue islandaise.
Le fait que la langue islandaise ait été préservée telle qu’elle était historiquement, s’explique par l’isolement géographique de l’île bien entendu, mais pas que. Au fil des siècles, il y eut en Islande une volonté de protéger la langue, de la « conserver » le plus authentiquement possible. Il se trouve aussi que l’Islande est un pays où la littérature et l’écriture ont une place toute particulière : les Islandais sont de grands lecteurs et de grands écrivains.
D’ailleurs il existe un événement en Islande, nommé Jólabókaflóð (jól = Noël ; bók = livre ; flóð = flux, inondation, crue), « déluge de livres de Noël », qui a lieu un mois avant Noël, que l’on peut comparer à une « rentrée littéraire » : une revue est alors éditée avec la liste de toutes les sorties littéraires en langue islandaise (tous styles littéraires confondus, incluant les traductions en islandais d’écrits venant d’ailleurs). Cette revue est distribuée à chaque foyer islandais. Et traditionnellement, en Islande, « après avoir profité d’un repas de Noël bien copieux, les Islandais offrent des livres sous le sapin et chaque convive se plonge, chocolat chaud à la main, au coin du feu, dans l’un des romans qu’il vient de recevoir ».
Vous pouvez lire un article complet (en anglais) sur Jólabókaflóð, écrit par Hildur Knútsdóttir, en cliquant ici.
Ah oui : ajoutons que, statistiquement, un Islandais sur dix publiera au moins un livre au cours de son existence ! Et un proverbe islandais dit « Blindur er Bóklaus Maður » (aveugle est l’homme sans livre).
En Islande, Dagur íslenskrar tungu est la « Journée de la langue islandaise ». On la célèbre annuellement le 16 novembre (en référence et en hommage au jour de naissance du grand poète et naturaliste islandais Jónas Hallgrímsson né en 1807). À cette occasion, le ministre islandais de l’Éducation décerne le Prix Jónas Hallgrímsson à un écrivain islandais dont on estime qu’il contribue au rayonnement de la langue islandaise.
En 2013, les Islandais ont été appelés à élire le mot qu’ils considéraient comme le plus beau de la langue islandaise. Celui qui a récolté le plus de votes est le mot Ljósmóðir, « mère de la lumière », (ljós = lumière ; móðir = mère). C’est le mot en langue islandaise utilisé pour désigner les sages-femmes. Dýralif, « vie sauvage » (dýr = animal ; lif = vie), le 7e roman de la grande autrice islandaise Auður Ava Ólafsdóttir évoque l’existence de « quatre générations de sages-femmes qui s’évertuent avec humanité à faire jaillir cet éclair qu’est la vie » : il a été traduit en français sous le titre La vérité sur la lumière.
Apprendre une langue n’est jamais aisée… mais la langue islandaise est réputée pour être l’une des langues les plus difficiles à comprendre et apprendre. Elle est d’une grande difficulté phonétique et grammaticale : les conjugaisons et déclinaisons sont complexes et le système adverbial est très élaboré.
Juste pour se faire une idée : la langue islandaise comprend quatre cas grammaticaux (nominatif, accusatif, datif et génitif) et trois genres (masculin, féminin et neutre) ; les verbes islandais se conjuguent selon le sujet et le temps ; les adjectifs s’accordent en genre, en nombre et en cas grammatical avec les noms qu’ils modifient. Les adjectifs, les chiffres jusqu’à quatre et les pronoms sont déclinés aux quatre cas, aux deux nombres et aux trois genres… la langue nationale de l’Islande donne donc du fil à retordre !
En plus de cela, la langue islandaise, dont l’alphabet est l’alphabet latin, est enrichie de caractères et accents spécifiques qui n’existent pas dans notre alphabet. Ainsi les trois caractères ð (prononcé comme le « th » anglais de « there » ou « mother »), þ (toujours placé en début de mot et prononcé aussi comme le « th » anglais, mais le th de « think » et non celui de « there » !!!) et æ (prononcé « aï » comme dans le mot français rail par exemple) sont étrangers à notre alphabet. De plus, les lettres accentuées á (prononcée comme « ao »), í (prononcée comme « i »), ó (prononcée comme « au »), ú (prononcée comme « ou »), ý (prononcée comme « i ») et ö (prononcée comme « eu ») font partie de l’alphabet islandais.
En revanche la langue islandaise n’est pas dotée des lettres c, q, w et z.
Souvenez-vous, en 2010, lors des éruptions volcaniques de Eyjafjöll sous le glacier Eyjafjallajökull (eyja = île ; fjall = montagne ; jökull = glacier) : dans les journaux télévisés du monde entier, les reporters et commentateurs avaient abandonné l’idée de tenter de prononcer de nom du volcan qui était devenu le « volcan sous le glacier dont le nom est imprononçable » !
Ce qui est à souligner dans la langue islandaise, c’est que dans cette langue, on crée de nouveaux mots à partir de racines existantes plutôt que d’importer des néologismes venant de langues étrangères telles que le danois ou l’anglais par exemple. Il est aussi courant que des mots tombés aux oubliettes soient remis au goût du jour !
Ainsi, depuis le 19e siècle et l’arrivée de nouvelles technologies, de nouveaux mots florissent ! C’est Árni Magnússon Institute for Icelandic Studies qui crée les nouveaux mots de la langue islandaise, à partir de racines existantes, et les Islandais ne manquent ni de poésie ni de créativité pour cela ! Mais l’usage de racines et mots existants contribue à préserver la pureté de la langue islandaise et facilite la compréhension des nouveaux mots.
Prenons l’exemple du mot français téléphone : en anglais telephone, en allemand en suédois et en danois telefon, en espagnol teléfono, en italien telefono… et en langue islandaise : sími, un nom ancien qui veut dire quelque chose comme « long fil ».
Satellite se dit gervintungl en langue islandaise : gervi = artificiel ; tungl = lune.
Météorologie se dit veðurfræði : veður = météo ; fræði = science, étude.
La créativité des Islandais est quasi sans limites pour enrichir la langue…
Par exemple le mot gluggaveður (glugga est le pluriel de gluggi = fenêtre ; veður = météo, temps), que l’on peut traduire par « météo/temps des fenêtres » désigne un temps qu’il est plus agréable de contempler depuis l’intérieur, à travers une fenêtre, que de braver, en sortant à l’extérieur ! C’est souvent un temps où il y a un beau soleil mais où il fait un froid glacial…
Le mot ísbíltúr (ís = glace, au sens crème glacée ici ; bíll = voiture ; túr = tour, balade) désigne le fait de « faire un tour en voiture et aller acheter une glace » !
La langue islandaise est avant tout admirablement poétique. Quelques exemples parmi une multitude…
Le mot écho se dit bergmál (berg = roche ; mál = langue, langage), « la langue de la roche ».
Enterrement se dit jarðarför en langue islandaise (jörð = terre ; för = voyage), « le voyage à la terre ».
Pour dire « être enterré », les Islandais utilisent souvent l’expression að vera sunginn til jarðar « être chanté à la terre », en référence aux chants qui accompagnent l’inhumation.
Le mot afmælið signifie anniversaire : mæla = mesure ; lið = vie.
Ástfanginn, l’adjectif qui veut dire amoureux vient de ást (amour) et fanginn (capturé, détenu).
Encore une autre particularité de la langue islandaise : le nombre incalculable de synonymes !
Nous évoquions ci-dessus le Ljósmóðir qui désigne la sage-femme. En langue islandaise, pour parler des sages-femmes, on peut aussi utiliser les mots yfirsetukona (femme qui en assiste une autre pendant son accouchement ; kona = femme ; setja yfir est un verbe qui signifie « être assis à côté tout en prenant les choses en main »), náverukona (présence femme), jóðmóðir (accoucheuse, mère allaitante), léttakona (ventrière, femme qui allège), nærkona (assistante), ljósa (clarté ; ljós = lumière)…
Venons-en maintenant aux noms propres islandais…
Les Islandais, dans l’annuaire téléphonique par exemple, sont classés par ordre alphabétique de… prénom ! Et oui ! Et les Islandais s’appellent entre eux par leur prénom : on ne s’adresse jamais à un Islandais par son nom. Jamais ! Même si vous rencontrez Björk Guðmundsdóttir (icône islandaise dans le domaine musical), Guðni Thorlacius Jóhannesson (président islandais jusqu’au 31 juillet 2024) ou Katrín Jakobsdóttir (présidente islandaise depuis le 1er août 2024), appelez-les par leur prénom : Björk , Guðni Thorlacius ou Katrín ! De plus le vouvoiement n’existe plus en langue islandaise.
En tant que tel, le nom des Islandais n’est pas le marqueur principal de « l’identité » de la personne : c’est le prénom qui est le marqueur. Le « nom » d’un Islandais est composé du prénom de son père auquel est accolée, à la fin, la terminaison génitive dóttir si c’est une fille ou sson si c’est un garçon. Par exemple, le nom de Björk est Guðmundsdóttir, et cela veut dire « fille de Guðmund ». Et depuis 2019, les personnes non binaires peuvent utiliser la terminaison bur.
En Islande, Mannanafnanefnd est un Comité gouvernemental (Personal Names Committee) qui établit une liste des prénoms autorisés en Islande. Le prénom doit répondre à certaines règles comme le fait par exemple de ne pas être composé de lettres qui n’existent pas dans l’alphabet islandais (donc pas de c, q, w ni de z). De manière officielle, il est dit que le prénom doit respecter trois règles : il faut pouvoir accoler la terminaison génitive à la fin du prénom (dóttir ou sson), le prénom doit être adaptable à la structure de la langue islandaise et aux conventions orthographiques, et enfin, il ne doit être pas être « embarrassant » pour le porteur du dit prénom.
De nombreux prénoms islandais sont des mots en lien avec la nature : Alda (vague), Harpa (harpe), Björk (bouleau), Arna (aigle pour une fille) Örn ou Ari (aigle pour un homme), Bjarni (ours), Pjetur (pierre, rocher), Björn (l’ours, le brun)…
Pour savoir si un prénom est approuvé par le Comité islandais des noms, rendez-vous sur le site officiel islandais Search Icelandic names.
Il y a peu de mots français qui sont empruntés à l’islandais, mais on peut citer :
Saga : le mot saga en langue islandaise veut dire histoire. Et saga au pluriel se dit sögu.
Édredon vient du mot islandais æðardúnn (æður = eider, le grand canard migrateur recherché justement pour son duvet ; dúnn = duvet).
Geyser vient de Geysir, le nom propre donné à la plus remarquable source d’eau chaude d’Islande (qui vient du verbe gjósa = jaillir).
Maintenant, première leçon de langue islandaise… afin de tenter d’assimiler quelques mots avant de partir en voyages en Islande !
Velkominn til Ísland ! Bienvenue en Islande !
Oui : Já
Non : nei
Merci : takk fyrir (prononcez tahk férér)
Non merci : nei takk
Excusez-moi : Fyrirgefðu (prononcez férérguièvthu… quoi de plus simple !)
Je vous en prie : gerdu svo vel (prononcez guièrthu svo vèl)
Je comprends : ég skill
Je ne comprends pas : ég skill ekki
Français : frönsku
Anglais : ensku
Parlez-vous français/anglais ? : Talar þú frönsku/ensku ?
Bonjour : Góðan daginn (prononcez gauthan dayénn)
Salut : sæll (prononcez saïtl) ou hæ
Au revoir : bless (prononcez blèss)
Bonsoir : gott kvöld (prononcez goht kveuld)
Bonne nuit : góda nótt (prononcez gautha nauht)
Comment vas-tu ? Hvad segir þú ?
Comment t’appelles-tu ? Hvad heitir þú ?
Je m’appelle… : Eg heiti…
À ta santé : Skál (skaol)
Sable : sandur
Désert : Eyðimörk
Désert de sable noir : Svartur sandeyðimörk
Désert de glace : ís eyðimörk
Poussière : ryk
Terre (sol) : jörð
Nuage : ský
Brouillard : þoka
Ciel : himinn
Vent : vindur
Neige : snjór (snæ : il neige)
Glace : ís
Iceberg : ísjaki
Fumée : reykur
Feu : eldur
Cendre : aska
Volcan : eldfjall
Lave : hraun
Coulée de lave : hraunrennsli
Cratère : Gígur
Magma : bergkvika
Glacier : jökull
Source chaude : Hverinn
Fleuve : fljót
Lagon : Lón
Fjord : fjörður
Colline : Hæð
Montagne : fjall
Vallée : dalur
Fleur : blóm
Forêt : skógur
Arbre : tré
Péninsule : Skagi ou nes
Le phare : viti
Pays : land
Île : eyja
Le calme, le silence : kyrrð
Aurore boréale : norðurljós
Soleil de minuit : Miðnætursólin
Éruption volcanique : eldgos
0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 : núll, einn, tveir, þrir, fjórir, fimm, sex, sjö, átta, níu, tíu
Le soleil : sól
La lune : tungl
L’étoile : stjarna
L’eau : vatnið
La pluie : rigna
La rivière : áin
Le lac : vatn
La cascade : foss
La mer : sjór
Le sel : salt
Le port : höfn
L’église : kirkja
Le refuge (l’abri) : skjól
Mer : haf
Océan arctique : norður-íshaf
Océan antarctique : suður-Íshaf
Père : faðir
Mère : móðir
Fils : sonur
Fille (au sens de la descendance) : dóttir
Frère : bróðir
Sœur : systir
Cheval : hestur
Chien : hundur
Chat : köttur
Chatte : kisa
Renard : refur
Renard polaire : heimskautarefur (heimskaut = arctique)
Phoque : selur
Phoque du Groenland : vöðuselur
Phoque commun : landselur
Phoque à capuchon : blöðruselur
Renne : hreindýr
Mouton : sauður
Ours : björn (et il n’y a pas d’ours en Islande !)
Sterne arctique : heimskautarn ou norðurslóðarsveinn ou kría
Macareux : lundur
Macareux moine : lundi
Petit Pingouin : álka
Grand Pingouin : Geirfugl
Fou de bassan : súla
Grand labbe : skúmur
Eider à duvet : æðarfugl
Grand cormoran : dílaskarfur
Cormoran huppé : toppskarfur
Poisson : fiskur
Requin : hákarl
Maquereau : makríll
Saumon : lax
Baleine : hvalur
Chaud : Heitt
Froid : Kalt
Il pleut : Það rignir
Il neige : Það snjóar
Gauche : vinstri
Droite : haegri
Nord : norður
Sud : suður
Est : austur
Ouest : vestur
Route : vegur
Nulle part : hvergi
Au fil des pages Inspirations Islande, vous trouverez aussi d’autres mots islandais.
Nous n’allons même pas nous lancer dans une tentative d’explication quant à la prononciation des lettres et des syllabes, le rôle des accents, la compréhension des quatre cas grammaticaux…
Réussir à comprendre et à parler la langue islandaise relève franchement du défi… une vraie saga ! Même en prenant des cours particuliers de langue islandaise, cela vous demandera du courage et du temps !
Pour celles et ceux qui veulent se lancer : faites un tour sur Icelandic Online par exemple.
Ou alors regardez des séries islandaises en V.O !
Ou encore la méthode Assimil : Apprendre l’islandais.