Comme décrit dans l’article Voyage en Islande, l’Islande est située sur la dorsale médio-atlantique et sur un point chaud. Le volcanisme en Islande est donc très actif. En moyenne, l’Islande connaît une éruption volcanique tous les 4 à 5 ans. Certaines peuvent être très puissantes et remodeler totalement les paysages islandais, voire modifier la démographie de l’île.
Les croyances et coutumes islandaises sont évidemment liées et teintées de la forte présence du volcanisme et des phénomènes tectoniques de l’île.
Kr : Krafla, F : Fremri Námar, A : Askja, S : Snæfell, Ö : Öræfajökull, Bá : Bárðarbunga, Gr : Grímsvötn,
E : Eyjafjallajökull, Ka : Katla, He : Hengill, To : Torfajökull, H : Hofsjökull, et Hekla
En Islande, le 8 juin 1783, débuta l’une des éruptions volcaniques gravées dans toutes les mémoires : l’éruption des Lakagígar, les « cratères du Laki », communément appelée l’éruption du Laki. Le Laki est un volcan situé au Sud de l’Islande, entre les glaciers Mýrdalsjökull et Vatnajökull. Il fait partie du système volcanique Grímsvötn.
Il s’agit en fait d’une série d’éruptions volcaniques qui dura 9 mois, et bouleversèrent totalement le paysage et la démographie islandaise. Elles eurent aussi des conséquences dans toute l’Europe.
Une fissure de 25 km de long s’est ouverte et plus de cent bouches volcaniques se sont formées. Les Lakagígar sont donc un ensemble de 130 cratères volcaniques alignés le long de la fissure ouverte de part et d’autre du volcan Laki. Lors de ces éruptions volcaniques, ce sont plus de 10 km³ de lave (10 000 millions de m³ !) qui se sont déversés dans la plaine jusqu’à la mer, sur une surface de 550 km² (pour vous faire une idée, cela représente 5 fois la surface de Paris !).
Cette série d’éruptions volcaniques s’accompagna d’une énorme émission de gaz (sulfates) et de cendres qui a contamina une grande partie des pâturages de l’île. En conséquence, ce sont 80 % du cheptel ovin, 50 % des bovins et 70 % de la population de cheval islandais qui périrent. La famine catastrophique qui s’en suivie tua 21% de la population islandaise de l’époque (plus de 10 000 Islandais moururent).
À la différence de l’éruption du volcan Eyjafjöll au printemps 2010 (voir plus bas), le Laki projeta les trois quarts de ses gaz dans la couche inférieure de l’atmosphère où circulent justement les pluies, les nuages et les vents de surface. Ainsi, poussé par les vents, le nuage volcanique atteignit l’Europe continentale quelques jours après le début de l’éruption volcanique, et quelque semaines plus tard, c’est en Asie et en Amérique du Nord que des brouillards denses et des pluies de cendre furent observés.
En France par exemple, les conséquences climatiques furent catastrophiques : il a gelé jusqu’à la fin du mois de juin, ce qui a provoqua des récoltes désastreuses et donc des famines, tout ceci 5 ans avant la Révolution française… de là à attribuer, comme certaines le pensent, au volcan islandais le déclenchement de la Révolution… ?
Les éruptions volcaniques du Laki en 1783 furent appelées Skaftáreldar par les Islandais, les « feux de Skaftá » (reldar = feux ; Skaftá est un fleuve dont le cours traverse et longe la coulée de lave de l’éruption du Laki), et elles figurent parmi les plus grandes éruptions volcaniques de toute l’Histoire.
Parmi les éruptions volcaniques mémorables en Islande, il y eut l’éruption volcanique sous-marine du 10 novembre 1963, au Sud de Vestmannæyjar, l’archipel des îles Vestmann regroupant 18 îles et îlots et située à moins de dix kilomètres de la côte Sud de l’Islande.
Elle dura 4 années et donna naissance à une nouvelle île au Sud de Vestmannæyjar : l’île de Surtsey, située à une trentaine de kilomètres de la côte Sud de l’Islande. L’île de Surtsey est ainsi la plus jeune île de la planète Terre !
L’éruption volcanique se déclencha à 130 mètres de profondeur sous l’océan : un cône volcanique commença à se former et le 14 novembre 1963 il atteignit la surface de l’eau. En même temps qu’une colonne de vapeur et de cendre montait jusqu’à 10 000 mètres d’altitude, l’île de Surtsey voyait le jour et s’élevait de plus en plus au-dessus de l’océan.
Aux mois de février et avril de l’année 1964, l’activité sous-marine faisait place à une activité volcanique aérienne : des fontaines de lave se formaient. S’en suivirent trois mois d’accalmie puis les éruptions volcaniques aériennes reprirent en juillet 1964 et durèrent jusqu’en mai 1965 avec de nombreuses coulées de lave. De nouveau l’activité volcanique se calma, mais reprit d’août à novembre 1966.
Ainsi, à la fin de ces éruptions volcaniques, la superficie de l’île de Surtsey était de 2,65 km² et elle culminait à 173 mètres d’altitude. Mais en raison de l’érosion due aux vents et aux vagues, au fil des années, la roche s’éroda et aujourd’hui l’île de Surtsey ne mesure plus que 1,41 km² et a aussi perdu quelques mètres d’altitude.
L’île de Surtsey est protégée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008 (Unesco, île de Sursey), et seuls les scientifiques peuvent s’y rendre afin d’étudier l’apparition de la vie animale et végétale sur une terre vierge.
Les archives de l’INA valent vraiment la peine d’être regardées : La naissance incroyable de l’île Surtsey en Islande après une éruption volcanique.
Un reportage Radio Canada est très instructif pour découvrir comment la faune et la flore se développent à Surtsey : Découverte de l’île de Sursey.
Et le site internet de The Surtsey Research Society est très intéressant (géologie, faune, flore, etc.) : Surtsey.
Remarquable parmi les éruptions volcaniques en Islande est celle du 23 janvier 1973 sur l’île d’Heimaey.
C’est alors que soudainement, juste à côté du volcan Helgafell, inactif depuis plus de 6 000 ans, le volcan Eldfell vit le jour (quelques mots à ajouter à votre connaissance de la langue islandaise : fell = montagne ; helga = sacré, saint ; eldur = feu ; Helgafell veut donc dire montagne sacrée et Eldfell montagne de feu).
L’île d’Heimaey est la plus grande île (une peu plus de 13 km²) et la seule habitée (5273 habitants au moment de l’éruption) de Vestmannæyjar, l’archipel des Vestmann. Elle est située à 7 km de la côte méridionale de l’Islande. C’est aussi le plus grand port du Sud de l’Islande.
Le 21 janvier, une faible secousse séismique fut enregistrée à 22 heures, et le 23 janvier à 1h45 du matin des fontaines de lave jaillirent soudainement dans la nuit à plusieurs centaines de mètres de hauteur depuis une longue fissure de 1800 m de long ouverte tout proche des habitations.
Du fait d’une tempête la veille, cette nuit-là tous les bateaux de pêche étaient amarrés au port : en urgence, et dans le plus grand calme, les habitants furent évacués par bateaux, et des avions vinrent en renfort. Une équipe de 500 policiers, pompiers et secouristes resta sur place.
Les coulées de lave menacèrent d’obstruer le port : les Islandais restés sur l’île d’Heimaey pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être déversèrent ingénieusement de l’eau de mer pompée et au bout de trois longues semaines, ils réussirent à figer la lave et stopper la coulée, avant qu’elle n’atteigne l’entrée du port.
Le 26 juin, les dernières explosions eurent lieu dans le cratère et le 28 juin la coulée de lave s’immobilisa. Ce sont 250 millions de m³ de matière volcanique (0,25 km³) qui ont été émis, quasiment intégralement sous forme de coulée basaltique.
À la fin de ces éruptions volcaniques, le volcan Eldfell culminait à 205 (ou 279 selon les sources d’information) mètres de haut et l’île de Heimaey s’était agrandie de 2,2 km² ! Cinq à dix mètres de cendre recouvraient alors l’île. Trois cents maisons furent détruites et une centaine d’autres furent enfouies sous la cendre. Au total, c’est le tiers de la ville qui fut détruit. Cette éruption ne fit qu’une seule victime.
Le musée Eldheimar situé sur l’île est intégralement dédié à l’éruption de 1973 : le site internet du musée est riche en photos d’archive : Musée Eldheimar.
Aujourd’hui, environ 4 500 Islandais vivent à Heimaey et le volcan Eldfell n’est plus entré en éruption depuis.
Guðríður Símonardóttir est originaire de l’île d’Heimaey : c’est l’une des 242 personnes de l’île kidnappées (soit près de la moitié de la population de Heimaey) en 1627 par des corsaires ottomans venant d’Afrique du Nord. Elle fut vendue au marché aux esclaves d’Alger en Algérie. Le roi du Danemark acheta sa libération et elle traversa entre autres la Tunisie avant de rejoindre le Danemark. Là elle rencontra Hallgrímur Pétursson, étudiant en théologie, qu’elle épousera et qui deviendra l’un des plus grands poètes islandais, et dont la cathédrale de Reykjavík porte le nom comme nous l’avons évoqué dans l’article Voyage en Islande.
C’est de l’histoire de Guðríður Símonardóttir que s’est inspirée l’auteure islandaise Steinunn Jóhannesdóttir pour écrire « L’esclave islandaise » aux éditions Gaïa, livre que L’Ami du Vent a adoré !
Nous vous recommandons aussi le podcast en deux épisodes sur France Culture : Guðríður Símonardóttir, l’Islandaise et les Ottomans.
Située exactement sur le rift médio-atlantique, dans le Nord-Est de l’Islande, la zone de Krafla est l’une des plus actives de l’île, avec une chambre magmatique tout proche de la surface (2 km sous terre).
La caldeira s’étend sur 8 à 10 km et abrite de nombreux volcans, cratères et champs de lave (une caldeira est une grande dépression circulaire ou elliptique, un cratère donc, bien souvent à fond plat, résultant d’une éruption volcanique qui vide la chambre magmatique sous-jacente).
Outre la caldeira, le système volcanique de Krafla se compose d’un champ de fissures sur une centaine de kilomètres depuis le volcan Selfjall situé au Sud, non loin de Reykjavík, jusqu’à la mer au Nord.
Les premières éruptions volcaniques de Krafla auraient eu lieu il y a environ 200 000 ans, et la caldeira se serait formée durant la dernière période glaciaire, il y a environ 100 000 ans, par une succession d’épisodes éruptifs aériens et sous-glaciaires. Il n’y a aucun doute que la caldeira s’est formée lors d’une éruption explosive d’une formidable ampleur.
C’est toute cette importante activité volcanique qui a créé les paysages islandais si particuliers de la région du lac Mývatn : coulées de lave, pseudo-cratères, colonnes de lave, comme à Dimmuborgir par exemple.
Dimmuborgir (dimmu = sombre ; borgir = villes, châteaux) est situé à l’Est du lac Mývatn, à une dizaine de kilomètres au Sud du village de Reykjahlíð. C’est un champ de lave qui s’est formé il y a plus de 2 300 ans, lors d’une importante éruption volcanique : la lave s’est écoulée dans une fissure de 12 km de long au Sud du cratère Hverfjall.
Un lac de lave s’est alors formé puis solidifié, ce qui a créé les « châteaux de lave » que l’on peut observer à Dimmuborgir et qui donnent à cette zone un air fantasmagorique, mystérieux et intriguant. Le décor est chaotique, il y a comme des grottes de lave, des cheminées, des puits de lave : les contes et légendes islandaises, lorsqu’ils évoquent Dimmuborgir, parlent de « l’une des portes d’entrée de l’enfer » !
Le 17 mai 1724, Krafla connaît un épisode volcano-tectonique majeur, les « feux de Mývatn », qui dureront cinq ans. C’est le cratère d’explosion Víti (víti = enfer) qui se forme en premier, au Nord-Est du lac Mývatn, sur la pente Sud du volcan Krafla, et le petit lac situé dans le cratère apparaît alors. Víti est donc ce que l’on appelle un maar volcanique, c’est-à-dire d’un cratère rempli d’eau.
S’ensuivent jusqu’en 1729 des tremblements de terre, éruptions fissurales et dépôts de cendre qui ravagent les abords de Krafla et modifient considérablement la topographie de la région. La coulée de lave du mois d’août 1729, particulièrement importante, atteint le lac Mývatn : le village de Reykjahlíð est rasé… mais son église épargnée !
Un nouvel épisode majeur d’éruptions volcaniques a lieu de décembre 1975 à septembre 1984 : « les feux de Krafla ». L’écartement des plaques tectoniques se traduit par l’affaiblissement de la croûte dans la caldeira. Le magma s’introduit dans des fissures, les remplit, et trouve un chemin vers la surface pour jaillir en éruptions volcaniques.
Concentrée dans la caldeira, cette période de grande activité volcanique se caractérise par de multiples éruptions volcaniques fissurales provoquant une coulée de lave très fluide de 19 km de long et de 8 mètres d’épaisseur par endroits, allant jusqu’à provoquer l’affaissement de certains sols de 2 à 3 mètres.
Aujourd’hui encore, cette grande coulée de lave près du volcan Leirhnjúkur (un des volcans du site de Krafla) est chaude et des fumées en jaillissent : le site de Krafla fume encore aujourd’hui !
Au terme des 9 années de ce cycle volcano-tectonique, un écartement de 90 cm entre les bords Est et Ouest de la caldeira s’est produit : le rift s’ouvre de plus en plus.
Une imposante usine de géothermie est installée tout près du volcan Krafla depuis les années 1975 : elle alimente en électricité tout le Nord-Est de l’Islande. Cette centrale fonctionne grâce à des forages géothermiques dans la chambre magmatique, sur le cratère Víti : en avril 1977, de la lave a d’ailleurs jailli d’un forage profond de 1138 mètres !
Les forages d’essai commencèrent en 1974 dans la zone de Krafla et les travaux de construction débutèrent en 1975 avec l’implantation de nouveaux forages, la construction de la centrale et l’installation des lignes de transmission vers Akureyri, la plus grande ville du Nord.
L’installation de deux méga turbines était prévue en 1975 mais les épisodes volcano-tectoniques de décembre 1975 à 1984 retardèrent la mise en service de la centrale : une première méga turbine (puissance 30 méga watts) fut installée en août 1977 et il fallut attendre février 1978 pour que la production électrique débute. Limitée d’abord à 8 méga watts, ce n’est qu’en 1982 que la centrale tourna à plein régime, et la deuxième méga turbine ne put être installée qu’en 1997.
La centrale géothermique de Krafla fonctionne avec 18 puits qui récupèrent de l’eau chauffée dans les entrailles de la Terre : celle-ci se transforme partiellement en vapeur lors de sa remontée et de son cheminement vers les deux turbines : cette vapeur est à une température proche de 250 °C.
Depuis quelques années, on cherche à augmenter l’efficacité énergétique des zones géothermiques. Actuellement, en géothermie, la vapeur créée atteint donc 250 °C (contre 450°C dans une centrale à charbon) : en s’approchant du magma, il serait possible de s’approcher des 450 °C.
C’est ainsi qu’en 2009, à Krafla, un forage a été réalisé dans le but de récupérer de l’eau beaucoup plus chaude : il était prévu de creuser un puits de 4 500 mètres de profondeur pour atteindre une poche d’eau maintenue à une température supérieure à 375 °C par la présence du magma (dont la température est de 900/1000 °C).
Or, à 2096 mètres de profondeur, il s’est avéré qu’une poche magmatique avait été percée : pas de catastrophe, mais les chercheurs et scientifiques ont choisi d’être prudents et de se donner le temps nécessaire pour étudier la situation et tester les équipements. La poursuite du forage est prévue pour 2026 dans le but d’analyser le magma dans son environnement naturel et d’en apprendre davantage sur l’activité volcanique pour mieux évaluer les risques.
En mars 2010, au Sud de l’Islande, tout proche de l’Océan Atlantique, les éruptions volcaniques du volcan Eyjafjöll ont eu des conséquences dans le monde entier car… elles ont totalement perturbé l’espace aérien international pendant une semaine !
Cet épisode volcanique a duré sept mois, du 20 mars au 27 octobre 2010.
Eyjafjöll, « les montagnes des îles » (eyja = génitif pluriel de ey = île ; fjöll est le pluriel de fjall = montagne… vous devenez incollable en langue islandaise !), en référence à Vestmannæyjar, l’archipel des îles Vestmann situé juste au Sud-Ouest du volcan, est recouvert à son sommet par une calotte glaciaire nommée Eyjafjallajökull. Eyjafjöll culmine à 1666 mètres d’altitude.
C’est un stratovolcan (un volcan constitué de plusieurs couches de lave) couronné par une caldeira de 2,5 km de diamètre. De ce que l’on sait, il n’est entré en éruption que cinq fois : vers 550, vers 920, en 1612, en 1821 et en 2010.
Le 20 mars 2010, la première phase de l’éruption du volcan Eyjafjöll se caractérise par des petites coulées de lave. Le 13 avril cette première phase cesse mais dès le 14 avril une seconde phase éruptive a lieu au sommet du volcan, dans la caldeira recouverte par le calotte glaciaire Eyjafjallajökull : l’éruption volcanique est donc sous-glaciaire, un vaste panache volcanique (composé de vapeur d’eau, gaz volcaniques et cendres) s’élève à plus de 4 500 mètres et s’achemine vers le continent européen.
Les espaces aériens de quasiment la totalité des pays européens et du Nord de la Turquie sont fermés quelques jours, des milliers de vols sont annulés et c’est l’aviation internationale qui est impactée ! Pour la seule journée du 17 avril, ce sont 16 000 vols qui ont été annulés (70% du trafic aérien européen) ! Le 20 avril, les espaces aériens sont à peu près tous rouverts, mais le 4 mai, un nouveau nuage de cendres perturbe de nouveau l’aviation pour quelques jours.
De nombreux événements prévus de par le monde ont dû être annulés : concerts, festivals, déplacements de chefs d’états, etc… et il y a même un groupe L’Ami du Vent qui a dû rester quelques jours de plus en Tunisie du fait de la fermeture de l’espace aérien français !
Globalement, fin avril l’éruption volcanique baisse d’intensité, mais elle ne s’arrête véritablement que le 27 octobre 2010.
Durant les trois premiers jours de l’éruption volcanique de Eyjafjöll, ce sont 80 millions de m³ de cendres (200 millions de tonnes !) qui ont été projetés dans l’atmosphère, chargeant vraisemblablement l’air d’environ 600 tonnes d’uranium et 1 800 tonnes de thorium : la toxicité du nuage volcanique pourrait être comparable à celle du nuage de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
De nombreuses vidéos existent sur cette éruption volcanique, en particulier les archives INA : depuis l’entrée en éruption de Eyjafjöll.
Aujourd’hui d’actualité, les dernières éruptions volcaniques en date en Islande sont celles du volcan Fagradalsfjall et des cratères Sundhnúks sur la péninsule de Reykjanes, à la pointe Sud-Ouest de l’Islande.
La chanteuse islandaise Björk tourne le clip Black Lake en 2015 sur Fagradalsfjall : Black Lake.
Après une augmentation de l’activité sismique fin 2020, c’est le 19 mars 2021 que se forme une fissure d’environ 200 mètres de long dans la vallée du flanc Est du volcan Fagradalsfjall. De cette fissure, se déverse de la lave basaltique très fluide qui forme en quelques heures seulement deux petits cônes de scories.
Le 5 avril 2021, une deuxième fissure de quasi 200 mètres de long s’ouvre, à 1 km de la première, puis dans la nuit du 6 au 7 avril, une troisième fissure, de 150 mètres de long, s’ouvre entre les deux premières fissures : les coulées de lave se rejoignent et forment alors un unique champ de lave.
À partir du 2 mai, des fontaines de lave de 300 à 460 mètres de haut sont observées toutes les dix minutes environ. Face au risque de l’extension de la coulée de lave qui pourrait atteindre la ville de Grindavík, deux digues en terre sont érigées pour tenter de stopper, en vain, la coulée de lave. En septembre, la coulée de lave se répand dans la vallée de Nátthagi (une zone inhabitée) mais la ville de Grindavík est épargnée. Les éruptions volcaniques sont déclarées terminées par les autorités islandaises le 18 décembre 2021.
Le 22 décembre, il est détecté que le magma remonte à la surface : à la fin du mois de décembre 2021, il n’est plus qu’à 2 km de la surface. Une succession de séismes a lieu à l’été 2022, et le 3 août la lave apparaît de nouveau sur les flancs du volcan Fagradalsfjall.
Une fissure de 300 mètres de long apparaît en bordure du champ de lave des éruptions volcaniques de 2021 : de la lave s’en échappe et forme une nouvelle coulée qui recouvre une partie du précédent champ de lave. Le 19 août, l’épaisseur du champ de lave est de 5 à 15 mètres, voire 40 mètres autour du nouveau cratère, et l’éruption se termine le 21 août 2022.
En 2022, Björk tourne le clip Sorrowful Soil de nouveau sur Fagradalsfjall, l’occasion de voir de belles images de la coulée de lave : Sorrowful Soil.
À partir de 2023, la péninsule de Reykjanes entre dans un cycle ininterrompu d’éruptions volcaniques.
Le même scénario que 2021 et 2022 se répète le 10 juillet 2023 : une nouvelle fissure, une nouvelle coulée de lave, l’augmentation de l’épaisseur du champ de lave, et fin de l’éruption le 5 août 2023.
En juillet 2023, toujours sur la péninsule de Reykjanes, une première éruption volcanique a lieu à l’Est du mont Sýlingarfell. La ville de Grindavík est évacuée par précaution le 11 novembre 2023 suite aux incessants tremblements de terre, les bains chauds Blue Lagoon (situés à 50 km au Sud-Ouest de Reykjavík) sont également fermés.
Dans la soirée du 18 décembre 2023, une nouvelle éruption débute tout près de Grindavík. La terre s’ouvre dans une zone inhabitée : une faille de 4 km de long s’ouvre à 3 km au Nord de Grindavík et à 1 km de Blue Lagoon. Les fontaines de lave atteignent 150 mètres de hauteur et les volumes de lave sont vraiment plus importants que lors des éruptions de 2021 et 2022. Le 21 décembre 2023, l’éruption est déclarée terminée.
Une belle vidéo du 19 décembre 2023 est à regarder ici.
Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2024, les 4 000 habitants de Grindavík sont prévenus d’une évacuation imminente, et le 14 janvier 2024 à 8 heures une nouvelle éruption débute au Nord de Grindavík, à seulement 450 m de la ville, tout près du cratère Sundhnúk. La fissure s’agrandit très vite et le débit de la lave augmente rapidement : deux heures à peine après le début de l’éruption, la fissure est longue de 1 km ! Une nouvelle fissure s’ouvre en début d’après-midi dans la ville et quelques maisons brûlent. Quelques jours après, l’épisode volcanique se calme.
Le 8 février au matin, encore une nouvelle faille d’environ 3 km de long s’ouvre au Nord de Grindavík et à l’Est de Blue Lagoon. La faille est longue d’environ 3 km. Le Blue Lagoon est évacué tôt le matin avant le début de l’éruption et ferme de nouveau. Le 10 février l’activité s’arrête. Le 18 février réouverture de Blue Lagoon : une vraie saga (islandaise !).
Le 19 février les habitants de Grindavík sont autorisés à rentrer chez eux… et le 16 mars au soir, nouvelle fissure, nouvelle coulée de lave : Grindavík, la centrale géothermique de Svartsengi et le Blue Lagoon sont de nouveau évacués. Cet épisode se termine le 10 mai.
Nouvelle éruption le 29 mai 2024, toujours dans la même zone (Blue Lagoon – Grindavík). Vous connaissez l’histoire maintenant : coulée de lave, fermeture des sites aux abords de l’éruption, évacuation de Grindavík. Cet épisode est officiellement terminé depuis le 22 juin.
On attend le prochain épisode de cette saga islandaise volcanique ! Le remodelage des paysages islandais n’est pas prêt de s’achever…
Vous pouvez suivre en direct l’activité sur la péninsule de Reykjanes grâce aux webcams des cratères Sundhnúks en direct sur le site Ruv.is
D’autres webcams sont visibles sur le site Live from Iceland (pour voir ce qui se passe sur la péninsule Reykjanes, allez sur la webcam Reykjanesviti).
Il peut y avoir d’autres phénomènes aussi en Islande : non pas des éruptions volcaniques mais des crues glaciaires.
Très récemment, le 27 juillet 2024, une crue glaciaire s’est déclenchée dans le Sud de l’île, quelques kilomètres au Nord du village de Vík. La rivière Skálm à l’est du Mýrdalsjökull (mýr = marais ; dal = vallée ; jökull = glacier), qui abrite le volcan sous-glaciaire Katla, l’un des volcans les plus connus et les plus surveillés en Islande, est entrée en crue et a déversé des millions de m³ d’eau.
Pour autant, ce genre de phénomène est courant en Islande. Le service météorologique national islandais, Icelandic Met Office, a d’ailleurs bien précisé que cette crue glaciaire n’était pas due à une éruption volcanique mais à la chaleur géothermique dans les chaudrons du glacier Mýrdalsjökull qui entraîne une accumulation de l’eau de fonte qui s’écoule ensuite devant le glacier.
Des tremblements de terre de faible intensité (magnitude 3 au maximum) ont été ressentis au niveau du volcan Katla, sous le glacier Mýrdalsjökull, signe en général d’un mouvement magmatique. Le service météorologique national islandais, Icelandic Met Office, a fait passer le statut du volcan de vert à jaune le 27 juillet au matin. Le 27 juillet dans la soirée, le débit de l’eau au niveau de la route circulaire n° 1 était de 1 000 m³ par seconde. Le 28 juillet à 12h le niveau d’eau avait considérablement diminué, et 24 heures après, le code couleur du volcan Katla repassait au vert.
La route n° 1 a été rouverte le 29 juillet : vous pouvez regarder la courte vidéo sur le site Ruv.is