Le Mont Sinaï, appelé aussi Mont Moïse, Djebel Moussa en arabe, Har Sináy en hébreu, célèbre dans la Bible et cité dans le Coran, est un lieu sacré pour les trois religions abrahamiques (monothéistes) : le christianisme, l’islam et le judaïsme.
Le nom « Sinaï » a, selon les sources, des origines et des appellations différentes.
Dans la Thora, il est connu sous le nom de Horeb. Les textes rabbiniques évoquent la racine « seneh », qui fait référence au site du Buisson ardent.
Le Sinaï est également évoqué dans le Coran sous le nom Tûr Sinin, et At-Tûr est la montagne sacrée au Sinaï, le Mont Sinaï. Tûr Sinin signifie « Montagne de la Lune ». En arabe, le Sinaï est appelé Sayna, et le Mont Sinaï est appelé Djebel Moussa (Jebel Musa).
Dans le dictionnaire de l’ancienne langue sémitique, le nom Sinaï est dérivé du nom du dieu Sin, le dieu de la lune dans l’ancienne Babylone et avec Thot, divinité égyptienne de la lune et de la sagesse. Sinaï signifierait « la terre de la lune ».

Le mont Sinaï est situé dans le gouvernorat du Sinaï Sud, sur la pointe sud de la péninsule du Sinaï.
Il culmine à 2 285 mètres d’altitude, et à 4 km à vol d’oiseau du mont Sinaï, le mont Sainte Catherine, point culminant du massif et de toute l’Égypte, s’élève à 2642 mètres (les reliques de Sainte Catherine sont conservées au monastère de Sainte Catherine). Lors d’une randonnée dans le Sinaï il est possible de monter au sommet du mont Sinaï, accompagné par des Bédouins.
Depuis plusieurs années, Sikket Saydna Musa (le « chemin de Moïse »), celui que Moïse, d’après la tradition, aurait suivi lors de sa première ascension du Mont Sinaï, un long et raide escalier composé de 3000 marches taillées par les moines dans la roche, est fermé pour cause d’éboulis donc on ne peut pas l’emprunter en randonnée dans le Sinaï. L’accès au mont Sinaï peut donc se faire aujourd’hui soit au départ du monastère de Sainte Catherine, soit par une autre vallée, le Wadi Shreeg. Ces deux chemins qu’une randonnée dans le Sinaï peut vous faire découvrir, se rejoignent non loin des dernières 700 marches (ou 750, selon la manière de compter !) à gravir pour accéder au sommet du mont Sinaï.

Avant d’emprunter ces dernières marches, on peut voir en contre-bas, le jardin d’Elie, au centre d’un amphithéâtre naturel entouré de montagnes de granit rose, appelé « l’amphithéâtre des 70 Anciens d’Israël ». Selon la tradition, c’est là que Aaron, le frère de Moïse, et les 70 sages Hébreux qui accompagnaient Moïse dans son ascension se seraient arrêtés car seul le Prophète pouvait se présenter devant Dieu (Exode 24 : 1-11).
La dernière parole que Moïse adressa aux anciens du peuple hébreu qui l’avaient accompagné sur la montagne fut : « Voici, Aaron et Hur resteront avec vous, si quelqu’un a un différend c’est à eux qu’il s’adressera ». Ensuite, Moïse poursuivit seul sa progression vers le sommet du Mont Sinaï, répondant ainsi à l’appel de Dieu.
Proche d’une source, le jardin d’Elie est ombragé de deux grands cyprès et d’un olivier, et c’est là que se trouve l’ermitage où il passa 40 jours et 40 nuits à communiquer avec Dieu. Du jardin d’Elie, on aperçoit un sentier qui mène à Râs Safsafa, le « sommet des Saules », point culminant de Djebel Safsafa, où il est dit que Moïse présenta les Tables de la Loi au peuple réunit dans la plaine d’Ar-Raaha (Exode 24 : 29-35).

Au sommet du mont Sinaï, se trouvent une mosquée et une chapelle (il y a aussi des boutiques, tenues par les Bédouins !).
La mosquée date du 12e siècle et elle serait construite au-dessus de la grotte où Moïse passa 40 jours et où Dieu se manifesta au Prophète (Exode 24 : 15-18).

La chapelle, dépendance du monastère de Sainte Catherine, est dédiée la Sainte Trinité. Il semblerait qu’elle ait été reconstruite en 1934 sur les ruines d’un édifice religieux datant de l’Empereur Justinien. Il est dit qu’elle renferme le rocher à partir duquel les Tables de la Loi ont été gravées. Dans le mur occidental de cette chapelle se trouve une fente dans le rocher : c’est là que Moïse se serait caché au passage de la gloire de Dieu (Exode 33:22). La chapelle n’est pas ouverte aux visiteurs.

On peut atteindre virtuellement le sommet du mont Sinaï (!!!) : cliquez ici.

L’histoire de Moïse dans l’Ancien Testament
La péninsule du Sinaï était le pont entre le Moyen-Orient et la région du delta de l’Égypte. Les nomades du Moyen-Orient, les Hébreux, traversaient la péninsule pour de multiples raisons, en particulier en période de famines vu que l’Égypte ne manquait jamais de vivres grâce au Delta du Nil.
Le livre de la Genèse raconte que les fils de Jacob vendirent leur frère Joseph à des esclavagistes égyptiens. Joseph y prospéra et devint un vizir égyptien. Lors d’une famine, Jacob envoya ses fils en Égypte pour y chercher de la nourriture. Ils se réconcilièrent avec Joseph et prospérèrent en Égypte, où ils firent venir les membres de leurs tribus.
Le livre de l’Exode relate que les Hébreux vécurent pendant 450 ans en Égypte et prospérèrent dans la région du delta du Nil. Mais « Il s’éleva sur l’Egypte un nouveau roi, qui n’avait point connu Joseph » (Exode 1:8).
Le Pharaon, ce nouveau roi, effrayé par la croissance démographique rapide des Israélites et craignant qu’ils ne se soulèvent, les réduisit en esclavage.
Vers 1250 avant JC., un prêtre égyptien au service du pharaon fit une prophétie voulant qu’un enfant né des Hébreux les libère un jour de leur condition d’esclave. En apprenant cette prophétie, le Pharaon (probablement Séthi Ier) ordonna que tout enfant de sexe masculin né des Hébreux soit tué par noyade dans le Nil. Les sages-femmes défièrent Pharaon et n’exécutèrent pas ses ordres. Grâce à elles, l’un des bébés, issu de la tribu de Levi (3e fils de Jacob), enfant de Jokébeb et d’Amram, fut caché par sa mère Jokébeb dans un petit panier tressé qu’elle laissa flotter à la dérive sur le Nil : elle le confia aux eaux du Nil.
Il fut recueilli par Bitiah, la fille de Pharaon (en hébreu Batya, littéralement Fille de Dieu) ou Batparoh, littéralement Fille du Pharaon), et élevé à la cour royale égyptienne comme fils adoptif de la famille royale (la mère de Moïse s’arrangea pour être sa nourrice : Moïse fut donc nourri par sa mère biologique, et élevé par la fille de Pharaon).
Il est dit que c’est la fille du Pharaon qui le nomma Mosheh (qui peut vouloir dire « sauvé des eaux » ou « fils de ») : il est celui qui allait être connu sous le nom de Moïse, issu du peuple hébreu et élevé dans la famille royale égyptienne.
Moïse reçut donc une éducation et une formation royale égyptiennes. Puis il découvrit que les Hébreux étaient asservis aux Égyptiens. À l’âge de quarante ans, Moïse, épris de justice, tua un Égyptien qui maltraitait un esclave Hébreu. Condamné à mort par Pharaon, Moïse s’exila (Exode 2:15) durant 40 années et trouva refuge dans le Sinaï, au pays de Madiane, territoire du peuple nomade des Madianites. Un jour il sauva de l’assaut de bergers violents les 7 filles de Jethro, grand prêtre des Madianites : pour le remercier, Jethro lui accorda l’aînée d’entre elles comme épouse, Tsipora (Séphora), et confia un troupeau à Moïse, qui devint berger. Tsipora et Moïse eurent deux fils, Gershom et Éliézer, nés au pays de Madiane.
Après quarante ans d’exil, alors qu’il faisait paître son troupeau proche du mont Horeb (appelé plus tard Mont Moïse), Moïse vit le Buisson ardent qui, miraculeusement, n’était pas consumé par ses propres flammes. Une voix s’exprima hors du feu (Exodus 3: 1-13) et lui ordonna de retourner en Égypte et de dire à Pharaon de « laisser partir mon peuple » (Exode 7:16).
Moïse retourna donc en Égypte avec sa femme et ses deux fils. Selon les indications que lui avait données le dieu des Hébreux, au pays de Goshen, il retrouva Aaron, son frère (c’est alors que Moïse comprit alors qu’il était hébreux), doté de qualités d’éloquence que Moïse n’avait pas (Moïse est décrit comme ayant la langue nouée, peut-être était-il bègue ; Aaron est celui qui devait parler au peuple hébreu et à Pharaon, en présence de Moïse). Moïse retrouva également sa sœur Myriam, et Jokébeb sa mère biologique.
Moïse, accompagné de Aaron, tenta donc de négocier avec Pharaon (probablement Ramsès II, son oncle) : celui-ci lui dit ne pas connaître le dieu de Moïse et refusa de laisser partir le peuple hébreu. Moïse invoqua alors les dix plaies d’Égypte, les dix châtiments que Dieu infligea à l’Égypte
Les dix plaies d’Égypte : L’eau du fleuve se transforme en sang pendant sept jours ; Des grenouilles pullulent dans le pays ; Des moustiques infestent l’homme et le bétail ; Des taons envahissent les maisons ; La peste anéantit chevaux, ânes, chameaux, bovins et moutons ; Des ulcères affligent l’homme et le bétail ; La grêle tue l’homme et le bétail, détruit les récoltes et les arbres ; Des nuées de sauterelles couvrent le pays et dévorent toutes les plantes ; Les ténèbres durent trois jours ; La mort s’abat sur tous les premiers-nés de l’homme et du bétail.
Pharaon accéda alors à la demande de Moïse et le laissa conduire le peuple hébreu dans le désert pour honorer leur dieu, mais il le regretta dès leur départ. Il envoya alors un grand nombre de soldats les chercher et c’est alors que survint le récit du miracle du partage des eaux : les Hébreux échappèrent aux soldats en traversant une mer à pied sec, les eaux formant un mur de chacun de leur côté. Dès que les Hébreux eurent traversé la mer, celle-ci se referma, prenant au piège les soldats égyptiens.
Après leur fuite d’Égypte, Moïse ramène donc son peuple au pied du Mont Sinaï et gravit deux fois la montagne pour connaître les intentions de Dieu. C’est alors que Moïse reçoit les dix commandements, le Décalogue, que Dieu grave sur les Tables de la Loi (en réalité, Moïse reçut 613 commandements, mais seuls les dix premiers ont été retenus pour l’iconographie biblique), ainsi que des dimensions précises de l’Arche de l’Alliance, sanctuaire portable en forme de boîte contenant les Tables de la Loi.
Moïse passe quarante jours et quarante nuits au Mont Sinaï et le peuple resté dans la plaine avec Aaron s’impatiente : le peuple demande à Aaron de lui désigner un dieu pour le guider. Aaron commande de briser les boucles d’oreilles en or et de fondre un veau, le Veau d’Or, qu’ils désignent et adorent comme dieu.
Quand Moïse descend du Mont Sinaï et qu’il voit les Hébreux adorer le Veau d’Or (adorer une idole est interdit par le Deuxième Commandement), il est pris d’une telle colère qu’il fracasse les Tables de la Loi sur un rocher et détruit la statue du Veau d’Or. Puis il taille deux nouvelles tables de pierre et demande au Seigneur de graver à nouveau le Décalogue.
Peu après, l’Arche de l’Alliance fut construite et Moïse et son peuple s’éloignèrent du Mont Sinaï.
Ce que Moïse ramène du Mont Sinaï c’est en fait la constitution de la nation d’Israël. Tout ce qu’il rapporta est présent dans le Lévitique (3e des 5 livres de la Torah), le livre des Nombres (4e livre de la Bible) et le Deutéronome (5e livre de la Bible hébraïque ou Ancien Testament et dernier de la Torah). Selon la tradition, Moïse a même rapporté les plans du temple de Salomon. L’Arche d’Alliance devint un vase sacré, qui fut ensuite placé dans le « saint des saints » du Temple de Jérusalem.
Ainsi, le Mont Sinaï représente, pour le judaïsme, le site où Moïse a reçu les Dix Commandements de Dieu : le cœur de l’alliance entre Dieu et le peuple d’Israël. L’épisode de Moïse au Mont Sinaï établit les lois et les principes qui guideront le peuple d’Israël.
Les Dix Commandements sont également intégrés dans l’enseignement de Jésus. Le christianisme considère Moïse comme une figure prophétique majeure, annonciatrice de Jésus.
L’islam reconnaît Djebel Musa (la montagne de Moïse) comme le lieu béni où Musa (Moïse) a parlé à son seigneur, Musa étant avec Mahomet l’un des cinq grands prophètes de l’islam. Le Mont Sinaï fait l’objet de nombreuses références dans le Coran et le prophète Moïse est cité plus de cent fois dans le Coran.
Le Mont Sinaï symbolise donc l’instauration d’un code moral et légal fondamental et l’ancrage d’une relation profonde entre le divin et l’humanité.
Encore aujourd’hui, les preuves archéologiques concrètes manquent pour attester que le mont Sinaï est le Mont Sinaï biblique et sa localisation fait parfois controverse. Des chercheurs ont proposé divers emplacements pour le Mont Sinaï biblique, en particulier en Arabie Saoudite et d’autres lieux de la péninsule du Sinaï.
Pour autant, Le choix de ce lieu pour ériger le monastère de Sainte Catherine témoigne de la conviction très ancienne de sa signification biblique. Reconnaître le mont Moïse comme site de la révélation des Dix Commandements s’appuie sur des arguments qui soulignent la concordance avec les descriptions fournies dans les textes bibliques.
De plus, les caractéristiques géographiques et les éléments archéologiques aux alentours du mont Sinaï semblent s’aligner sur les récits de l’Exode. Le fait que l’itinéraire « par la voie de la terre des Philistins » aurait été évité (Exode 13:17) cadre avec la direction prise vers le mont Sinaï. Et enfin, la durée du voyage depuis Kadesh-Barnea jusqu’au Mont Sinaï, décrite comme un trajet de onze jours (Deutéronome 1:2), correspond également à la localisation du mont Sinaï.
Ce qui est certain, c’est que la tradition et l’histoire culturelle confèrent au Mont Sinaï une place centrale parmi les lieux de dévotion. D’autres lieux sont peut-être « possibles », mais le mont Sinaï reste un site majeur de pèlerinage et de vénération partout dans le monde.